"Elan mystique", de Louise Ackermann

Un jour, un poème - Un podcast de Prisma Media

Catégories:

Julie récite le poème de Louise Ackermann, Elan mystique.Alors j’avais quinze ans. Au sein des nuits sans voiles,Je m’arrêtais pour voir voyager les étoilesEt contemplais trembler, à l’horizon lointain,Des flots où leur clarté jouait jusqu’au matin.Un immense besoin de divine harmonieM’entraînait malgré moi vers la sphère infinie,Tant il est vrai qu’ici cet autre astre immortel,L’âme, gravite aussi vers un centre éternel.Mais, tandis-que la nuit marchait au fond des cieux,Des pensers me venaient, graves, silencieux,D’avenir large et beau, de grande destinée,D’amour à naître encor, de mission donnée,Vague image, pour moi, pareille aux flots lointainsDe la brume où nageaient mes regards incertains.— Aujourd’hui tout est su ; la destinée austèreN’a plus devant mes yeux d’ombre ni de mystère,Et la vie, avant même un lustre révolu,Garde à peine un feuillet qui n’ait pas été lu.Humble et fragile enfant, cachant en moi ma flamme,J’ai tout interrogé dans les choses de l’âme.L’amour, d’abord. Jamais, le cœur endolori,Je n’ai dit ce beau nom sans en avoir souri.Puis j’ai soudé la gloire, autre rêve enchanté,Dans l’être d’un moment instinct d’éternité !Mais pour moi sur la terre, où l’âme s’est ternie,Tout s’imprégnait d’un goût d’amertume infinie.Alors, vers le Seigneur me retournant d’effroi,Comme un enfant en pleurs, j’osai crier : « Prends-moi !Prends-moi, car j’ai besoin, par delà toute chose,D’un grand et saint espoir où mon cœur se repose,D’une idée où mon âme, à qui l’avenir ment,S’enferme et trouve enfin un terme à son tourment. »Paris, 1832.Louise Ackermann, Premières poésies, 1871 Hébergé par Audion. Visitez https://www.audion.fm/fr/privacy-policy pour plus d’informations.