Dans la nature, des appareils photos sont installés pour 1000 ans
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En photographie, ce qu’on appelle le temps de pose ou durée d’exposition, est l’intervalle de temps pendant lequel l’obturateur de l’appareil laisse passer la lumière avant de fixer une image. La plupart des appareils photo ont des temps de pose variant de 30 à 1/1000 secondes. Il est alors très surprenant d’apprendre qu’un chercheur, Jonathon Keats, a décidé d’installer dans la nature des appareils photo avec une durée d’exposition inédite de 1 000 ans. Jonathon Keats est un drôle de personnage. Ce chercheur américain, qui se décrit comme un « philosophe expérimental », a décidé il y a 9 ans, donc en 2015, d’installer dans la nature des appareils photo avec une durée d’exposition de 1 000 ans. Rappelons que ce qu’on appelle le temps de pose ou durée d’exposition, définit le temps nécessaire pour prendre une image. Cela se réfère à la durée pendant laquelle l’obturateur d’un appareil photographique reste ouvert pour laisser passer la lumière. Les premiers appareils installés par Jonathon Keats en 2015 présenteront donc leurs premières photos en 3015. Pour ce projet, Jonathon Keats et son équipe ont installé leur Millennium Camera, des cylindres en cuivre poinçonnés de tout petits trous qui laissent entrer de très petites quantités de lumière, dans l’Arizona, le Massachusetts et le Nevada. Aujourd’hui, il envisage d’en installer plein d’autres en Californie, en Autriche et en Chine. Reste à comprendre à quoi cela va servir, car il ne s’agit pas seulement d’une performance. La volonté première de Keats était d’enregistrer les évolutions des paysages concernés et donc les effets du changement climatique. Concrètement, ce qui ne bougera pas sera très marqué et opaque sur la photo (les sols et les chaînes de montagnes), tandis que ce qui bougera ou disparaîtra (les immeubles, les niveaux d’eau, les forêts et autres) sera plus ou moins transparent. Évidemment, Jonathon Keats n’est pas qu’un doux rêveur, il sait bien qu’il est possible que ses appareils ne tiennent pas un millénaire, mais selon lui, le plus important est de pouvoir voir ce qui change et ce qui ne change pas. Le « philosophe expérimental » espère ainsi instiller un sens des responsabilités, une conscience logique des causes et des conséquences du réchauffement climatique auprès d’autrui à un niveau collectif, sociétal et systémique plus qu’individuel. Mais bon, on espère que l’on n'aura pas à attendre encore 1000 ans pour en prendre conscience. Photo : Jonathon Keats tient une de ses "Century Cameras", Berlin 15 mai 2014. John Macdougall, AFP Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.