« Je fixe la limite au génocide » : System of a Down contre les artistes qui se produisent dans des dictatures
T'as vu l'heure ? - Un podcast de Radio Nova

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Aujourd’hui Alexis Noé de Nova Prod vient nous parler de Serj Tankian, le chanteur du groupe américain System of a Down. Si l’on vous parle de l'ami Serj, c’est que depuis un an, il est en colère contre un autre groupe : Imagine Dragons. À l’origine de la brouille, il n’y a rien d’artistique, mais de la politique et de l’éthique. L’année dernière, Dan Reynolds, le leader des Imagine Dragons alors en tournée mondiale, annonce que son groupe va se produire à Bakou, la capitale azerbaïdjanaise. Problème, l’Azerbaïdjan est une dictature contrôlée par le très autoritaire Ilham Aliev. Un homme qui s’est notamment rendu coupable de nettoyage ethnique, en envahissant le Haut-Karabakh, une région autonome autrefois peuplée majoritairement par des Arméniens. Suite à cette attaque, on estime que 80% des Arméniens ont fui ce territoire, laissant maison, affaires, et patrimoine derrière eux. Une situation qualifiée de “génocide” par le procureur de la Cour Pénale Internationale, Luis Moreno Ocampo, dans un rapport daté d’août 2023, soit deux mois avant le concert prévu par Imagine Dragons. Or, il faut savoir que les membres de System of a Down, d’origine arménienne, prennent très à cœur le sujet du Haut-Karabakh. Alors quand Serj Tankian entend parler du concert d’Imagine Dragons à Bakou, il leur écrit afin de les dissuader de se rendre dans ce pays. Une demande laissée lettre morte… Le 2 octobre, Imagine Dragons joue son concert malgré tout. Fin de l’histoire ? Pas exactement parce que la semaine dernière, dans une interview accordée à Rolling Stones, Dan Reynolds est revenu pour la première fois sur cet épisode. Reynolds explique que ne pas aller dans certains pays à cause de la politique serait “une pente glissante”. Selon lui, il est difficile de fixer une limite, parce que le monde est rempli de dirigeants corrompus et va-t-en-guerre, et qu’il faut aussi respecter la volonté des fans de ces pays. Une interview qui a ulcéré Serj Tankian lequel, dans un post en date du 4 juillet, écrit : « Avec tout le respect que je lui dois, je fixe la limite au nettoyage ethnique et au génocide.Je n’ai rien contre ce type ni contre son groupe. Je déteste simplement que l’on profite des artistes pour blanchir des dictatures génocidaires. » Blanchir son image grâce à des stars de la pop, c’est un grand classique des dictatures. On ne compte d’ailleurs plus les célébrités qui, en échange d’un bon gros chèque, se sont produits dans les pires régimes du monde. On peut citer pêle-mêle Justin Bieber ou ASAP Rocky en Arabie Saoudite, JLo au Turkménistan, Beyoncé, Mariah Carey, Usher ou 50Cent dans la Libye de Kadhafi. Mais aussi des acteurs comme Hilary Swank, Kevin Costner, Eva Mendes, et bien sûr le Français Gérard Depardieu, un ami de Poutine et Kadyrov, le Tchétchène. Ce ne sont que quelques exemples, car la liste est longue…On se dit même que les Serj Tankian sont finalement assez rares. Pour beaucoup de stars, il semble en effet que la seule limite qui existe soit celle de leur compte bancaire. Photo : Serj Tankian de System of a Down performs le 4 février 2022 à Los Angeles. Kevin Winter, Getty Images via AFP. Distribué par Audiomeans. Visitez audiomeans.fr/politique-de-confidentialite pour plus d'informations.