Ressentir les livres #9 - Julia Kerninon, "Liv Maria"

Ressentir - Un podcast de Jessica Troisfontaine - Les vendredis

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Si vous aimez mon univers, sachez que je propose des réflexions personnelles sur les sujets abordés ici (à savoir l’amour, la nourriture, la sexualité…) dans une newsletter qui s’intitule La vie gourmande. Le livre que je vous propose de Ressentir aujourd’hui est « Liv Maria » de Julia Kerninon, qui est paru en 2020 aux éditions de l’Iconoclaste. Julia Kerninon est née en 1987 à Nantes. Liv Maria est son 5ème roman. Avant cela, elle a publié « Buvard », « Le dernier amour d’Attila Kiss », « Une activité respectable » et « Ma dévotion ». Après Liv Maria, elle a publié « Toucher la terre ferme » en 2022 et « Sauvage » en 2023, et j’aurais pu faire un épisode de cette série sur chacun de ces livres. Mais j’ai choisi « Liv Maria » parce qu’il a été ma porte d’entrée vers Julia Kerninon et qu’il me suit intimement depuis sa première lecture, il y a 4 ans. Liv Maria, c’est le nom de l’héroïne libre, passionnée, courageuse dont ce livre raconte l’histoire, en débutant par sa conception sur une petite île au large de la Bretagne, par une mère tenancière du café sur l’île et un père marin norvégien, et en poursuivant avec son enfance insulaire, l’évènement qui va pousser sa mère à l’envoyer à Berlin à 17 ans, sa découverte de l’amour et de la langue sur place, puis un voyage et une nouvelle vie en Amérique du Sud, jusqu’à ce qu’elle tombe amoureuse d’un homme qui la fera rentrer dans les rangs, déménager en Irlande et avoir deux enfants. A ce moment-là, quelque chose que Liv Maria a fait dans sa jeunesse va devenir un immense caillou dans sa chaussure et se pose la question du secret, de la temporalité pour le révéler ou non, ainsi que de ce qu’il peut y avoir de dévorant mais aussi de réconfortant à en posséder un. Ce qui est éblouissant dans ce livre, c’est de voir à quel point une femme dont la vie peut paraitre ordinaire vu de l’extérieur possède en réalité une vie intérieure extraordinaire, et puis de réaliser à quel point nous sommes chacune, chacun, une multitude d’identités, une multitude de visages qui, loin de s’effacer au fil de notre vie au profit des suivants, s’accumulent en nous. Nous sommes cette multitude de personnes et nous ne se débarrassons d’aucune d’elles. Se pose alors cette question, sublime : « Comment se tenir là, dans cette vie, avec le souvenir de toutes ses vies contradictoires ? » L’extrait que j’ai choisi de vous lire se situe à la fin du premier quart du livre, peu après que Liv Maria est arrivée à Berlin.