À la Une: le poids des mots et le choc d’une vidéo…
Revue de presse des hebdomadaires français - Un podcast de RFI - Les dimanches
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Une vidéo qui s’est répandue sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre et qui a suscité colère et indignation. Des images amateur captées lors du contrôle routier au cours duquel le jeune Nahel est mort, tué par un tir policier, mardi. « En quelques images, on assiste à la mort en direct, souligne Le Parisien. On découvre les deux policiers, l’un avec l’arme pointée sur le pare-brise, on entend un 'shoote-le' avant que la voiture jaune s’échappe et termine sa course contre un poteau. L’auteur de la captation n’est qu’à quelques mètres de la scène. Avant même les premières conclusions de l’enquête, ces images semblent contredire la thèse de la légitime défense avancée par le tireur. Cette vidéo ne sera qu’un élément parmi beaucoup d’autres de l’enquête ou de la justice. Mais, aujourd’hui, pointe Le Parisien, elle est au cœur de toutes les réactions et de toutes les polémiques, chacun l’interprétant à l’aune de ses convictions. »La Charente Libre souligne le rôle essentiel de ces images… « Sans la vidéo de l’intervention, le gouvernement ne demanderait pas de sanction comme il le fait aujourd’hui, à commencer par Gérald Darmanin. Cela pose la question pour d’autres interventions non filmées. Cela interroge aussi sur l’absence de la généralisation des caméras-piétons annoncée par Emmanuel Macron, le 14 juillet 2020. Sans la vidéo, pas de changement de ton du Président, qualifiant ce tir d'inexcusable'. (…) Sans la vidéo, il ne serait rien passé malgré la mort d’un homme. Juste un fait divers vite oublié. Et, cela doit nous interroger tous sur la chose publique, la 'res publica'. Notre République, sa politique et ses lois. »« inexplicable, inexcusable… »Le poids des mots ensuite… La mort de Nahel est donc « inexplicable » et « inexcusable », a dit hier Emmanuel Macron. Des propos que n’accepte pas Le Figaro : « étrange pratique de la présomption d’innocence, s’exclame le journal. Les images sont terriblement choquantes, mais la justice n’est pas une capture d’écran, c’est elle, pas Emmanuel Macron, qui déterminera si le geste homicide de ce policier est coupable. Le serait-il, pourquoi déclenche-t-il automatiquement l’embrasement d’une partie de nos banlieues ? », pointe encore Le Figaro. « La France est un État de droit, et c’est à la justice de prononcer la sanction. 'Rien ne justifie que l’on brûle des voitures, des écoles, l’antenne d’une mairie', aurait donc dû poursuivre le garant de l’ordre public. Il ne l’a pas fait. Son verbe incertain l’éloigne de Nicolas Sarkozy et le rapproche de François Hollande. Vision univoque d’une République présumée coupable face à la 'jeunesse' des 'quartiers'. »A contrario, pour Libération, « les interventions sans ambiguïté hier du ministre de l’Intérieur, mais aussi de la Première ministre et du chef de l’État, sur la faute commise par le policier sont à saluer. » Cependant, « elles ne suffiront pas à remettre la police au cœur de notre pacte républicain. »En effet, « pourquoi la police tue ? », s’interroge Libération. En cause, affirme le journal : « une parole politique débridée, un cadre législatif permissif et des défaillances dans la formation. »Calme, respect et réflexion…En tout cas, remarque La Croix, « il reviendra à la justice de se prononcer, et c’est sur elle qu’il faut compter pour juger des faits. Certains propos tenus aux deux extrêmes de la société doivent être écartés. Les uns jettent l’opprobre sur toute la police et dénoncent un prétendu 'permis de tuer'. Les autres relativisent cette mort par le prétexte de la délinquance des 'jeunes de banlieue'. C’est au contraire le calme et la dignité qui doivent l’emporter, conformément au souhait de la mère de Nahel, qui a appelé à une 'marche blanche' (ce jeudi), et aux recommandations du maire de Nanterre, Patrick Jarry. Le respect doit prévaloir pour la victime et pour l’auteur du coup de feu, un fonctionnaire aguerri. Il faut aussi que ce drame provoque une profonde réflexion au sein des forces de l’ordre sur le recours à leurs armes lors d’une interpellation, notamment en cas de refus d’obtempérer. »En effet, complète Sud-Ouest, « quand bien même policiers et gendarmes exercent un métier à risque, il leur appartiendra toujours de faire preuve de discernement. Car ce sont eux les représentants de l’ordre public. Or, avec plus de 25.000 refus d’obtempérer par an, ils sont face à un défi immense : celui d’une bêtise croissante qui voit, chaque jour, des conducteurs mettre en danger leur vie et celle des autres. À cet égard, la sécurité ne saurait être une affaire de 'cowboys'. »