À la Une: «Ça suffit!»
Revue de presse des hebdomadaires français - Un podcast de RFI - Les dimanches
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C’est le grand titre de la Provence ce matin. « Ça suffit. L’indignation est unanime en France, pointe le journal, après l’attaque à la voiture-bélier dans la nuit de samedi à dimanche au domicile du maire de l’Haÿ-les-Roses, en banlieue parisienne. "Un cap a été franchi dans l’horreur et l’ignominie", a réagi l’élu qui a lancé un appel au "sursaut républicain". Un rassemblement devant les mairies du pays est organisé ce midi. »« Ce sont deux petits garçons de 5 et 7 ans qui vont sans doute faire des cauchemars toute leur vie, soupire La Dépêche du Midi. Parce qu’ils ont été réveillés en pleine nuit par le fracas d’une voiture-bélier défonçant le portail de leur maison. Parce qu’ils ont vu surgir des flammes devant leurs yeux. Parce qu’ils ont dû s’enfuir, à travers les jardins, avec leur mère apeurée. Tout ça parce qu’ils sont les enfants du maire de l’Haÿ-les-Roses. (…) En quelque sorte, ces enfants sont les martyrs de notre démocratie », s’exclame encore La Dépêche qui s’interroge : « Pourquoi tant de haine ? (…) On comprend mal le rapport qu’il peut y avoir entre la mort tragique d’un adolescent tué par un policier et les attaques que subissent les édiles. Comme s’ils étaient devenus l’unique figure de l’autorité, la tête de turc qu’il faut frapper. »Éternels perdants…La Croix s’indigne également : « Aux dégradations des symboles de la République que sont les médiathèques, les écoles, les mairies ou les commissariats s’ajoutent désormais les agressions contre des élus et leurs familles. (…) Cette gradation dans la détermination à frapper l’incarnation de notre démocratie est intolérable, lance encore le quotidien catholique. Les moteurs de la colère qui anime les auteurs de ces exactions sont multiples. Nous ne pourrons, collectivement, faire l’impasse sur leur examen. Mais tous ces jeunes gens s’en prenant à l’autorité publique comprennent-ils qu’à ce jeu mortifère ils sont les éternels perdants ? »Quelles solutions ?Comment sortir de cette spirale ? Pour Libération, il faut « sauver la jeunesse… et la police. (…) La génération des 12-15 ans, en pointe dans les émeutes, exprime une forme de désespoir ». C’est « cette France de l’exclusion, de l’extra-territorialité sociale, le monde des exclus, à tous les sens du terme, y compris l’exclusion de la consommation, vécue comme la pire des exclusions, comme en témoigne l’importance prise dans les émeutes par le pillage de masse. Sans sombrer dans le misérabilisme, ces exclus se vivent comme des rejetés de la société, condamnés à l’autodestruction ».À lire aussiViolences en France: les élus locaux en première ligne face aux émeutes urbainesQue faire ? Il faut, répond Libération, « continuer à investir, à faire revenir les services publics dans ces zones de non-droit et à changer la couleur des cités. Mais simultanément, il faut mettre fin à cette espèce de guerre civile entre la police et les exclus des cités, qui se vivent comme les rejetés de la société et qui sont plongés jour et nuit dans le commerce de la haine. (…) Pour réparer le lien avec la France de l’exclusion, il est vital que la déontologie redevienne le cœur battant de l’institution policière, avec un retour à une police de proximité et une meilleure formation des agents ».« Le naufrage français »En attendant, la France offre un bien triste spectacle à l’étranger, pointe Le Figaro… « À lire la presse étrangère, notre pays serait en état de guerre civile, soupire le quotidien de droite. Quand le commentaire vient d’Algérie, qui a le culot de rappeler à la France son "devoir de protection" de ses ressortissants, on s’indigne, s’exclame Le Figaro, mais lorsqu’il émane des États-Unis ou d’Europe, on se sent humilié. Comme si le monde se gaussait en direct de notre déclassement, de notre désagrégation, de notre naufrage. » Avec « cette jeunesse qui casse tout. Celle-ci n’est pas toute la jeunesse française, pointe encore Le Figaro, mais elle donne l’image détestable d’une nation encagoulée, "ensauvagée", "tiers-mondisée", qui n’a plus le respect d’elle-même. Ses élus et ses forces de l’ordre sont défiés et menacés de mort par des gamins sans éducation, encouragés par quelques irresponsables de gauche. (…) Dans un an, conclut Le Figaro, c’est ce pays qui accueillera les Jeux olympiques d’été. La question n’est pas de savoir s’il sera prêt, mais s’il sera digne de cet événement. »