Et si Marcel Proust avait écouté du jazz ?
Les Matins Jazz - Un podcast de Laure Albernhe et Mathieu Beaudou
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A l'occasion du centenaire de la mort de Marcel Proust, le 18 novembre 1922, on se penche sur les liens entre l'écriture proustienne et la musique. Le classique occupe une place centrale dans l'oeuvre de Proust, qui était lui-même pianiste et grand mélomane. Dans La Recherche du Temps Perdu, il fait référence à de multiples reprises à une oeuvre fictive, la sonate de Vinteuil, qui symbolise l'éclosion du sentiment amoureux entre Charles Swann et Odette de Crécy. « Une petite phrase » répétitive, de seulement cinq notes, qui vient transcender leur relation jusqu’à devenir « l’air national de leur amour » selon les mots de l'écrivain. Et plus tard, lorsque Swann entendra à nouveau cette petite phrase, elle lui rappellera douloureusement l'amour qu'il a perdu. C'est en partant de cette obsession de la répétition que la chercheuse en littérature française Dominique Dupart a imaginé dans son article Les déchets de la Recherche, ou le free jazz appliqué à la petite madeleine parue dans la revue Vacarme, une connexion entre Proust et le jazz, et même le free jazz. Elle part d’une citation célèbre de Proust, « … les vrais paradis sont ceux qu’on a perdus » et établit un parrallèle avec le jazz, qui, en introduisant l'improvisation et la tradition du tribute ou du revival, s'émancipe du culte nostaligique. Les paradis ne sont plus tout à fait perdus, puisqu'ils sont détruits, transformés, et renaissent sans cesse sous un jour nouveau. Dans le jazz et plus encore dans le free jazz, la petite phrase si chère à Proust ne peut revenir ; ne revient que la transformation de la petite phrase. On célèbre par ailleurs ce weekend les 20 ans d'un lieu original dans le paysage jazz francilien : Le Comptoir, à Fontenay Sous Bois (Val de Marne). Au programme des festivités, une mega jam session prévu demain en fin d'après midi et qui va rassembler plus de 40 artistes, dont Macha Gharibian, Edward Perraud, Chris Jennings, Antoine Berjeaut, Jean-Philippe Viret, etc. Au programme également : la venue à Paris de la chanteuse américaine Catherine Russell, pour présenter son dernier album Send for me, l'ouverture du festival Place au Jazz à Antony, avec un concert évènement du saxophoniste François Jeanneau, et le festival Pianomania, qui se tient à Paris jusqu'au 22 novembre, et qui, pour cette deuxième édition, organise à nouveau le marathon un peu fou « Le Jour et la Nuit du Piano » lors duquel 13 pianistes vont se succéder pendant douze heures.