L’Europe centrale, nouveau centre de gravité de l’Union 20 ans après son intégration ?

La Pause géopolitique - Un podcast de Anne Battistoni

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En avril dernier, les élections présidentielles organisées en Slovaquie aboutissaient à la victoire de Peter Pellegrini, candidat allié au premier ministre nationaliste et populiste Robert Fico. Cette victoire s’est largement jouée sur le thème de la guerre en Ukraine, le nouveau président affirmant qu’il était le candidat de la paix tandis que son adversaire pro-européen allait précipiter son pays dans la guerre par son soutien aux Ukrainiens. La Slovaquie se retrouve ainsi dirigée par un duopole populiste et nationaliste après la victoire de Robert Fico aux législatives d’octobre 2023. Son gouvernement qui vient par ex en mars d’annoncer la suppression de l’instance judiciaire chargée de lutter contre la corruption, s’annonce illibéral. La Slovaquie rejoint ainsi la Hongrie de Orban à la fois dans la complaisance vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine et le refus d’aider l’Ukraine, et dans la critique de l’action de l’UE et la remise en cause de l’Etat de droit. Qu’en penser ? 20 ans après son entrée dans l’Union, l’Europe de l’Est semble générer des Etats qui freinent la construction européenne et qui rejettent un certain nombre de ses valeurs. Pourquoi ? Mais de qui parle-t-on ? L’Europe centrale et orientale a-t-elle encore une identité spécifique ? L’attaque russe sur l’Ukraine en février 2022 et la guerre qui dure depuis plus de deux ans apparaît comme un révélateur des divisions au sein de cette Europe de l’est. L’euroscepticisme militant des démocraties illibérales (Pologne avant 2023, Hongrie, Slovaquie aujourd’hui) contraste avec l’ europhilie des Etats baltes ou aujourd’hui de la Pologne. Dans ce pays, vous vous en souvenez peut-être les élections au printemps 2023 ont conduit à la victoire de Donald Tusk à la tête d’une coalition centriste et pro-europe qui s’attache depuis à rétablir l’Etat de droit dans le pays. Comment comprendre ces évolutions et ces disparités ? Les spécificités de l’Europe centrale se sont-elles diluées en entrant dans l’Union ou bien cette intégration a-t-elle conduit à une réaffirmation de leur identité propre ? Certes aucun Etat entré il y a 20 ans ne souhaite quitter l’Union, car tous savent ce qu’elle leur apporte. Mais la question est posée : Peut-on passer d’une identité socialiste à une identité européenne facilement, en faisant l’économie d’une affirmation nationale ? Pour le dire brutalement, leur volonté affirmée clairement il y a 20 ans n’était -elle qu’un trompe l’œil masquant l’appât du gain ? en l’occurrence les aides européennes ?