ÉP 46 : Libérer le corps et la sexualité - avec Bebe MELKOR-KADIOR

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Dans notre épisode du jour, je vais parler de corps et de sexualité. On va essayer ensemble de comprendre comment braver l’interdit de la sacralisation absolue du corps, qui n’est scientifiquement qu’un tas d’os et d’organes, voué à périr. Contrairement à l’esprit, qui tisse notre rapport à la spiritualité, le corps est immanent, temporaire, fugitif, changeant et éphémère. Il est amené à se modeler, à s’éprouver, à se vivre avant de s’étioler dans une mort certaine. Il est donc profane et non pas sacré. Et si le corps était si sacré, pourquoi alors avoir rendu sale, bestial et vicieux le sexe qu’il porte ? Pourquoi avoir fait de la sexualité un péché originel ? Entre deux personnes éprouvant du désir l’un envers l’autre, il y a une limite spatiale (hududu Allah) qui tracent une frontière empêchant l’introduction du désir. Le corps est un territoire qui appartiennent à soi et à Dieu. En arabe, il y a plusieurs mots pour indiquer le corps. Cette frontière s’adresse au jassad جسد et non pas au jism جسم (qui est un corps masse, forme et substance) et au badn بدن (qui n’est que l’enveloppe, la cuirasse corporelle dans ses transformations physiques). Le jassad tend à désigner le corps dans sa dimension sensorielle, esthétique et affective. C’est le terme utilisé pour désigner le corps dans l’amour, où le sensible serait le siège de la volupté et de la jouissance. NB : on va aussi parler de TDS, c'est-à-dire de Travail Du Sexe, ou des travailleur·euse·s du sexe.  Mon invitée du jour est connue sur Instagram elle se nomme @thepainproofpriestess, mais son vrai nom, celui qu’elle a décidé d’incarner, c’est Bebe MELKOR-KADIOR. Bebe est une afroféministe pro-sexe queer. Elle se définit aussi comme une femme noire, autrice, tantôt performeuse pornographique, tantôt fakir, parfois artiste & modèle, souvent comme travailleuse du sexe et fièrement comme « salope ». Oui, Bebe scande haut et fort la nécessaire réappropriation des corps des femmes et de leurs sexualités, départis des injonctions du patriarcat et des masculinités toxiques. C’est ce qu’elle écrit notamment dans son manifeste Balance ton corps, publié en 2020 aux éditions La Musardine. « Personne d’autre que moi ne peut me dicter comment vivre ma relation avec mon corps. Les choix de vie que je fais pour lui relèvent de l’intime. » --- Bebe Melkor-KadiorSi vous voulez bouquiner 🤓📘📚Balance ton corps (2020) de Bebe Melkor-Kadior Le corps enchaîné (2018) de Mohammed Ennaji Le corps en islam (2013) de Malek Chebel La fin du tapin. Sociologie de la croisade pour l’abolition de la prostitution (2014) de Lilian Mathieu Sexe, race et colonie (2012) de Pascal Blanchard King-Kong Théorie (2006) de Virginie Despentes Le noir est une couleur (1974) de Grisélidis Réal Carnet de bal d’une courtisane (2005) de Grisélidis RéalSi vous voulez mater des movies 🎬🎥🎞️Les travailleu(r)euses du sexe (2010) de Jean-Michel Carré Vivante (2019) d’Anoushka Viva Laldjérie (2004) de Nadir Moknèche Much Loved (2015) de Nabil Ayouch Mamma Roma (2004) de Pier Paolo Pasolini Les Yeux Secs (2004) de Narjiss Nejjar Les Bois dont les rêves sont faits (2016) de Claire Simon L’immeuble Yacoubian (2006) de Marwan Hamed L’Apollonide : Souvenirs de la maison close (2011) de Bertrand Bonello J’ai tant aimé (2008) documentaire de Dalila Ennadre Belle-de-jour (1967) de Luis Buñuel Sauvage (2018) de Camille Vidal-NaquetSi vous voulez interagir, suivez JINS sur Instagram sur le compte @jins_podcast Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.