Le rôle des métiers d’art dans le luxe-Partie 3
IFM - Un podcast de Institut Français de la Mode

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Le rôle des métiers d’art dans le luxe, conférence de Marc de Ferrière le Vayer, Professeur des Universités à l'Université François-Rabelais de Tours et président de l'IEHCA (Institut Européen d'Histoire et des Cultures de l'Alimentation). Un métier d'art ne peut survivre en refusant la technique, et les métiers d'art qui ont survécu sont ceux qui ont accepté de jouer le jeu de l’innovation. D’où le caractère paradoxal d’une époque où on présente souvent les métiers d’art comme un « patrimoine à préserver ». La mise en valeur des métiers d’art dans le luxe ne résout pas une série de paradoxes. Le luxe n'a pas le monopole de la qualité, non plus que celui du beau : un bon charpentier de marine n'est pas dans le luxe et pourtant il réalise un travail exceptionnel et unique. Les machines à papier ne font pas toutes le même papier : où est la « main » dans ce cas ? Au XIXe siècle, la rareté n'était pas synonyme de valeur. Le travail de la main n’a commencé à être valorisé qu’à partir du milieu du XXe siècle, avec le goût pour la « pièce unique ». Aujourd’hui, la légitimité d'une entreprise de luxe repose sur son âge et sur sa valorisation des métiers de la main, comme si la partie technique et industrielle était passée au second plan. Selon Marc de Ferrière le Vayer, on peut produire de façon industrielle sans toucher à la qualité et continuer à « industrialiser les gestes » comme on le fait depuis le début du XIXe.