A propos de Pouchkine
IFM - Un podcast de Institut Français de la Mode

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Traducteur en français de Pouchkine, mais aussi de Dostoïevski et de Tchékhov, André Markowicz explique la place de Pouchkine dans la littérature, la langue et la société russe. Dostoïevski et Tolstoï sont des héritiers de Pouchkine, il n’y a pas un seul écrivain russe qui n’ait écrit à propos de Pouchkine : « en Russie, tout le monde trouve en Pouchkine de quoi parler de soi ». Ce qui fait la différence radicale entre la perception de la poésie en Russie et en France, c’est qu'en Russie la littérature a permis de traverser la vie soviétique « laide, détestable et mesquine ». Or Pouchkine est radicalement « intraduisible », non seulement parce que c’est de la haute poésie mais parce qu’il s’inscrit dans une expérience historique qu’on ne peut qu’imaginer sans se la représenter réellement. Connaître par cœur Eugène Onéguine a en partie permis à la mère d’André Markowicz de survivre au siège de Leningrad (1 million de morts) en supportant la famine grâce au souvenir précis des descriptions de repas dans "Eugène Onéguine". « La richesse de la poésie française s’est construite sur la rupture de la mémoire » (André Markowicz). En Russie, rien de tout ça : la volonté soviétique de construire un « homme nouveau » qui aurait oublié la « culture bourgeoise » a engendré une société non humaine face à laquelle la mémoire a trouvé refuge dans la poésie, qui était « la seule chose vivante, humaine, partageable. Tout le monde avait en commun la poésie et Pouchkine ». A travers toute l’histoire russe, il y a une unité incompréhensible entre la poésie de Pouchkine et la langue russe. Pour André Markowicz, on ne peut qu'imparfaitement comprendre la portée, la lumière de cette poésie : « la traduction, c’est un chemin vers ce qui ne peut plus être traduit ».