A propos de John Dos Passos (1896-1970)

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John Dos Passos (1896-1970), a pu être considéré comme "le plus grand écrivain américain" (dixit Jean-Paul Sartre). Aujourd'hui quelque peu négligé par la critique et l'université, John Dos Passos fait partie de la "génération perdue" qui a vécu la Première guerre mondiale et les déchirements d'une identité flottante, entre l'Europe et les Etats-Unis, entre l'engagement communiste de ses premières années et des convictions proches de la droite républicaine à la fin de sa vie. Avec "Manhattan Transfer" (1925), et la trilogie "USA" (1935-36), John Dos Passos a rencontré un énorme succès public tout en se plaçant dans une écriture moderniste et audacieuse sur le plan de l'expérimentation formelle. S'il a progressivement été relégué au second plan par rapport à Faulkner et Hemingway, c'est sans doute parce qu'il était trop "politique". Dans ses grands romans d'avant la Seconde guerre mondiale, les mythes américains sont sévèrement remis en cause : le vagabond remplace le pionnier, l'individu seul remplace l'entrepreneur... et les femmes prennent une vraie place, contrairement aux autres romans de son époque. Son message reste passionnant à explorer aujourd'hui : l'Amérique étant selon lui une "fiction", ne serait-il pas utile de chercher parfois à inventer d'autres fictions... Secrétaire de rédaction de la revue "Esprit", Alice Béja est américaniste de formation. Elle a travaillé sur les liens entre fiction et politique dans l’entre-deux-guerres aux Etats-Unis, et a traduit un texte de John Dos Passos sur l’affaire Sacco et Vanzetti ("Devant la chaise électrique", Gallimard, 2009) et un roman prolétarien ("Grace Lumpkin, Notre règne arrivera", Aux Forges de Vulcain, 2012). Ses articles dans "Esprit" portent principalement sur la politique et la culture américaine et italienne.