Cléopâtre : quand le péplum tourne au fiasco
Ciné-crash - Un podcast de Le Point
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Coupons d’abord court à un mythe : non, Cléopâtre ne fut pas un flop retentissant. Sorti en 1963, le faramineux péplum de Joseph L. Mankiewicz fut même en tête du box-office nord-américain cette année-là. Mais son excellente performance n’empêcha pas cette épopée sur les amours de la célèbre reine égyptienne de s’avérer une ruineuse affaire pour le studio Fox. En cause : son budget astronomique de 44 millions de dollars, que la major américaine ne put rembourser sur les seules entrées en salle – il lui faudra attendre la vente des droits télévisés du film.
Ce 17e long-métrage du réalisateur de All About Eve, avec Liz Taylor dans le rôle-titre et Richard Burton dans celui de son amant romain Marc-Antoine, traîne ainsi une réputation de film-chat noir, affligé par une série de catastrophes dignes de sept plaies d’Égypte. Entre le départ d’un premier réalisateur, les graves problèmes de santé de sa star, les amours de Taylor et Burton qui déclencheront une tempête de paparazzi sur le tournage et les errements d’un Mankiewicz complètement perdu dans son désert créatif… Cléopâtre donne l’impression d’un bateau ivre à bord duquel son studio et tout le genre du péplum faillirent bien se noyer. Moqué par la presse à sa sortie en raison de sa longueur écrasante (4 heures !), de ses interminables scènes de dialogues et d’une intrigue peu spectaculaire malgré le grand morceau de bravoure de l’entrée de la reine égyptienne à Rome, Cléopâtre échoua loin, très loin de l’accueil dithyrambique réservé, trois ans plus tôt, au magnifique et plus novateur Spartacus de Stanley Kubrick.
Les pertes financières de la 20th Century Fox liées au gouffre Cléopâtre précipitèrent la mise en coma du péplum pour de longues années… jusqu’à sa flamboyante renaissance, 37 ans plus tard, avec le Gladiator de Ridley Scott. Le semi-échec du film sonna aussi le début de la fin d’une ère. Celle d’une certaine vieille garde de décideurs à Hollywood et d’un profil de grosses productions académiques, qu’une nouvelle vague de cinéastes francs-tireurs allait (temporairement) balayer dès la fin des années 1960. Ciné-Crash #9 revient sur cette épopée malade, en compagnie des journalistes cinéma David Mikanowski et François-Xavier Taboni.
AVERTISSEMENT : ce numéro a été enregistré durant le confinement, avec des intervenants échangeant à distance. Nous vous prions de nous excuser pour la qualité du son légèrement moins optimale que sur les précédents numéros. Il en sera de même pour Ciné-Crash #10, dernier épisode la saison, dont le sujet sera « La Porte du paradis » de Michael Cimino.
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