Quelle est l'origine de l'expression "Annus Horribilis" ?

Choses à Savoir - Culture générale - Un podcast de Choses à Savoir

Comme les mots qui la composent le laissent supposer, l'expression "Annus horribilis" désigne une année très difficile, et même épouvantable. À première vue, on peut penser que les termes latins qui la forment la font remonter à un lointain passé. Or, il n'en est rien. L'expression "Annus horribilis" a été forgée en 1992. Et par un personnage illustre. C'est en effet la Reine Elizabeth II qui, lors d'un discours au Guildhall de Londres, le 24 novembre 1992, l'a employée pour la première fois. Et il est vrai que cette année lui avait apporté bien des déboires. Son fils Andrew, duc d'York, avait en effet divorcé, tout comme la princesse Anne. Autant de grain à moudre pour une certaine presse, toujours friande de scandales. De son côté, la princesse de Galles révèle, dans un livre qu'on s'arrache aussitôt, toute la distance qui la sépare désormais de son mari. À ces tristes événements privés s'ajoute l'incendie du château de Windsor, la résidence favorite de la Reine. On le voit, il y avait de quoi broyer du noir ! Mais comment la souveraine a-t-elle forgé cette expression, qui eut aussitôt beaucoup de succès ? Elle se serait inspirée du titre d'un poème d'un écrivain anglais du XVIIe siècle, John Dryden. En effet, le poème, publié en 1667, s'appelle "Annus mirabilis". Cette année "miraculeuse" est 1666, l'année qui précède la publication du poème. Dryden y évoque d'abord deux victoires de l'Angleterre, dans la deuxième guerre qui, de 1665 à 1667, oppose le pays aux Provinces-Unies, l'ancien nom des Pays-Bas. Ensuite, et de manière assez paradoxale, du moins à première vue, l'écrivain range, dans cette année miraculeuse, deux événements pourtant tragiques : une épidémie de peste et le grand incendie qui, en 1666, ravage une partie de la capitale. Mais, ce qui compte, pour John Dryden, c'est qu'il ait finalement échappé à la peste et que Londres ait été rebâtie, pour devenir une ville encore plus belle. Forgée par une souveraine cultivée, et non dépourvue d'humour, l'expression "Annus horribilis" fait aujourd'hui partie du langage courant. Learn more about your ad choices. Visit megaphone.fm/adchoices