Les Vosges créent les forêts du futur ?

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À 600 mètres d’altitude, dans un bois rocailleux de la vallée de Munster (Haut-Rhin), une petite révolution est en marche. Sur une parcelle de 6,5 hectares, un employé de la coopérative "Forêt d'ici" sème les dernières graines d’un projet inédit : tester de nouvelles essences d’arbres capables de résister au changement climatique. Sous le regard attentif de Claude Michel, du Parc régional des Ballons des Vosges, cette forêt devient un laboratoire à ciel ouvert. Propriétaire du terrain depuis 2018, Bernard Naegel a voulu anticiper l’impact du réchauffement sur les forêts vosgiennes. "Le changement climatique est une grande interrogation. Pourquoi ne pas expérimenter pour mieux s’y préparer ?", explique-t-il. L’enjeu est crucial : selon Météo France, la température en 2100 pourrait dépasser de 4 °C celle de l’ère préindustrielle, mettant en péril une large partie des 17 millions d’hectares de forêt française.La parcelle est divisée en plusieurs zones d’expérimentation. Première approche : la régénération naturelle. Les arbres adultes déjà présents – hêtres, sapins et épicéas – vont produire des graines qui se disperseront librement, permettant d’observer leur capacité d’adaptation. Deuxième axe : l’introduction de nouvelles essences. Dans de petits enclos en bois, des espèces venues de climats plus chauds prennent racine. Châtaigniers, érables, pins laricios de Corse grandissent aux côtés des essences locales pour former une "forêt mosaïque". Un écosystème plus diversifié, où les arbres se protègent mutuellement et limitent la propagation des maladies.Les forêts françaises souffrent déjà des effets du changement climatique. L’épicéa, par exemple, est ravagé par le scolyte, un parasite dont la prolifération est exacerbée par la hausse des températures. "Il y a une augmentation importante des récoltes d'arbres morts", observe Hubert Schmuck, expert à l'ONF dans le Grand Est. Selon l’Office national des forêts (ONF), seule la moitié des forêts françaises pourra s’adapter aux conditions climatiques de 2100. Contrairement aux forêts publiques, où l’ONF pilote des plans d’adaptation, les forêts privées, qui couvrent 75 % du territoire métropolitain, sont gérées librement par leurs propriétaires. L’objectif de cette expérimentation est donc clair : inciter les propriétaires privés à prendre les devants. Le projet, d’un coût total de 665 000 euros, est financé en partie par des partenaires locaux. Le producteur d’eau minérale Wattwiller apporte 30 000 euros, la Collectivité européenne d’Alsace 20 000 euros, le reste étant à la charge du propriétaire. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.