Ce crocodile se déguise en nid pour chasser l'oiseau

Bêtes de science - Un podcast de Futura - Les mardis

Catégories:

En dépit de son physique intimidant, le crocodile ne peut s'empêcher d'avoir un je-ne-sais-quoi de sympathique avec ses pattes courtes et son air paresseux. D'ailleurs, s'il est connu pour la violence de ses attaques, cet animal n'en sait pas moins faire preuve de ruse lorsqu'il part en chasse. Découvrez l'étonnante technique qu'il met en œuvre pour attirer les aigrettes dans ce nouvel épisode de Bêtes de Science. 👉Abonnez-vous sur vos apps et plateformes audio préférées 🎙️Pour aller plus loin :La chronique Bêtes de Science sur FuturaBêtes de science : ces crocodiles se déguisent en nid pour attraper des oiseauxCrocodile et alligator : quelle différence ?⭐ Soutenez notre média et rejoignez les coulisses ⭐Transcription du podcast :Bienvenue dans Bêtes de Science, le podcast Futura qui fait la part belle aux animaux. Je suis Marie et pour ce nouvel épisode, on va s’intéresser à l’astucieuse technique de chasse du crocodile.Une peau terne hérissée d’écailles, une longue queue et des pattes musculeuses, une immense gueule remplie de crocs plantés irrégulièrement... Aussi terrifiant soit-il, le crocodile ne peut s’empêcher d’avoir l’air sympathique. Avachi sur le sol ou flottant paresseusement dans l’eau, on dirait le croisement entre un gros chien tranquille et un dinosaure. Pas étonnant qu’on le retrouve comme animal de compagnie un peu benêt et attendrissant dans La Famille Pirate. Mais s’il est connu de tous, c’est bien évidemment parce qu’il fait partie des plus grands prédateurs du règne animal. Sur terre ou dans l'eau, le crocodile est d’autant plus redoutable qu’il est à l'aise un peu partout, du moment que le climat dans lequel il vit est tropical, ou subtropical. Poissons, oiseaux, antilopes et buffles, il est capable de s’attaquer à des proies bien plus grosses que lui. Et avec un corps pouvant atteindre sept mètres de long pour une tonne de muscles et de nerfs, il est clair que lui mettre une laisse au cou ou essayer de lui grattouiller le ventre n’est probablement pas une bonne idée.On le confond souvent avec l’alligator, dont la gueule est plus large et aplatie, mais en réalité, des dizaines de millions d’années d’évolution séparent la famille des Alligatoridés de celle des Crocodylidés. Ces derniers sont d’ailleurs parmi les plus proches cousins des oiseaux, avec qui ils partageaient un ancêtre commun du côté des archosauriens, il y a environ 240 millions d'années. Comme quoi, la notion d’air de famille est parfois très relative !Cousin du poulet ou pas, depuis toujours, le crocodile fait peur. Sa mâchoire est ornée de dents un peu particulières. Celles-ci n’ont pas de racines est peuvent être remplacées jusqu’à cinquante fois au cours de la vie de l’animal. Vous imaginez s'il y avait un dentiste pour crocodiles ? Quant à sa morsure, elle est l'une des plus puissantes au monde – l’équivalent d’une force de 2 tonnes – et fait aussi des victimes chez les humains. Le crocodile du Nil par exemple serait responsable de plusieurs dizaines et peut-être même centaines de disparitions par an pour défendre son territoire ou protéger ses petits, mais aussi pour se nourrir, parfois. Avec son physique qui lui permet de passer pour un morceau de bois dérivant sur le fleuve, il se cache sous la surface de l’eau en ne laissant dépasser que ses yeux et ses narines. Puis il se jette sur les imprudents qui s'approchent de trop près. Mais cette technique de chasse, vous l’avez probablement déjà vue dans un documentaire animalier. L’animal se jette sur sa victime et se met à tournoyer frénétiquement, l’emportant sous l’eau avec lui.Alors, pourquoi nous intéresser au crocodile aujourd'hui ? À cet animal dont le cerveau est de taille... disons... modeste, pour ne pas trop le vexer ? Eh bien c’est parce que des chercheurs ont observé que les membres de l’espèce Crocodylus palustris (et même leurs cousins Alligator mississippiensis) ont mis au point une méthode encore plus astucieuse pour attraper leurs proies.Le menu des crocodiles comporte une grande variété de plats. Et quand vient la saison des amours, l’aigrette, qui est un oiseau, a tout intérêt à garder ses plumes près du corps. Durant cette période, cette dernière est généralement à la recherche de branches pour construire son nid, et ça, eh bien les crocos l’ont bien compris. Les plus malins d’entre eux ont en effet appris à repérer les brindilles flottant sur les eaux et à se glisser sous elles pour qu’elles se retrouvent posées au bout de leur mâchoire. Déguisés en tas de petit bois, ces fins stratèges n’ont plus qu’à attendre que notre aigrette naïve vienne se servir pour la croquer en un instant. Ou plutôt pour la gober toute crue, car comme les serpents, les crocodiles ne mâchent pas.Mais c’est ici bien plus qu’une simple partie de cache-cache. Ce que les chercheurs décrivent là est ni plus ni moins que le tout premier cas observé d'utilisation d'outils chez des reptiles. De quoi nous faire passer l'envie de classer le crocodile au rang d'animal un peu grossier et ennuyeux. Dans son livre pour enfants, L'Énorme Crocodile, l'auteur Roald Dahl nous avait pourtant prévenus en lui faisant dire : « J'ai dressé des plans secrets et mis au point des ruses habiles. » Eh oui, en réalité le cousin du poulet se montre très observateur, et capable de stratégies cognitives poussées. Doit-on en conclure que ses ancêtres dinosauriens savaient eux aussi utiliser des outils ? Cela reste à prouver. Les chercheurs espèrent pouvoir observer plus de comportements de ce type avant de confirmer que le crocodile y voit là une stratégie. Mais si cette hypothèse se confirme, elle viendra compléter la liste des aptitudes sociales et cognitives de ce prédateur pour le moins surprenant. Il impressionne, mais pas de quoi verser une larme de croco ! Alors, pas si bête, le crocodile !​​Merci d'avoir suivi cet épisode de Bêtes de science. Vous pouvez retrouver la chronique originale de Nathalie Mayer sur Futura et le podcast sur vos plateformes audio préférées. Ne manquez pas notre hors-série estival, La Nature sur Écoute, animé par Pierre et Élise Kerner, à paraître une semaine sur deux sur jusqu’au 10 août. Quant à nous, on se retrouve dans deux semaines, avec de nouveaux comportements toujours aussi étonnants. À bientôt !Musique et bruitages :Silly Intro et Freedom, par Alexander NakaradaPiano in Blues, par MusicLFilesBig Drumming, par Kevin MacLeodIndian Meditation, par LironLicence: https://filmmusic.io/standard-licenseBBC RewindZapsplat