Les multiples vies d’Abbey Lincoln
59 Rue des Archives - Un podcast de David Koperhant, Adrien Belkout et Rebecca Zissmann
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« Je ne suis pas une chanteuse de jazz. Jazz est une injure. C’est pour moi un mot obscène, injurieux. Je suis une artiste noire. Mon nom est Abbey Lincoln. Rien d’autre. » Ces propos, définitifs et entiers, disent bien la manière dont la chanteuse a tracé sa route. Abbey Lincoln a eu plusieurs vies, plusieurs noms aussi. Mais c’est bien sous celui qu’elle s’est finalement choisie, comme chanteuse, actrice, compositrice et auteure, qu’elle a marqué de toute sa classe l’histoire de la musique américaine. Et l'histoire du jazz aussi, quoiqu’elle ait pu ressentir à l’égard de ce canal d’expression dans lequel elle s’est inscrite avec une dignité sans égale. Marquée au fer rouge par Billie Holiday, mais aussi par Sarah Vaughan ou Dinah Washington, Abbey Lincoln a tout fait pour s’affranchir du statut de « diva du jazz ». Son registre grave, sa diction comme alourdie par le poids des mots, sa conscience aiguë de la blessure sociale, son attachement à la forme poétique et populaire mais toujours exigeante, la situent ailleurs. Dans un monde supérieur et complexe, pourtant pétri d’humanité. Aux côtés de Max Roach, qui fut le grand amour de sa vie, d’Eric Dolphy, Sonny Rollins, Stan Getz ou Archie Shepp, mais aussi de Coleman Hawkins ou Benny Carter, elle aura prolongé le fabuleux continuum de l’art afro-américain, tout en accomplissant une fascinante quête d’identité. Un exemple de vie et un idéal auxquels notre enquête du jour sera dédiée toute entière. Étagère 5… Boîte n°4… Dossier AL1930… Les multiples vies d’Abbey Lincoln